Saint Thomas d’Aquin, un maître à redécouvrir pour chercher la Vérité
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- Nelson Santillan
- 19 de julio de 2023
- Jubileo de Santo Tomás de Aquino
Le 700e anniversaire de la canonisation de saint Thomas d’Aquin est l’occasion de revenir sur l’héritage de ce théologien majeur de l’ordre dominicain et de l’Histoire de l’Église. Isolde Cambournac, qui lui a consacré sa thèse de doctorat, nous entraîne sur les pas d’un chercheur de Dieu dont la pensée peut encore guider les croyants.
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Un triptyque d’anniversaires s’ouvre pour saint Thomas d’Aquin: le 18 juillet 2023 avec le 700e anniversaire de sa canonisation, le 7 mars 2024 avec les 750 ans de sa mort, et en 2025, le 8e centenaire de sa naissance. Autant d’occasions de s’intéresser à cette figure incontournable de la chrétienté médiévale, dont l’héritage théologique et philosophique continue d’éclairer l’Église.
Canonisé par Jean XXII, les reliques du religieux italien ont été données par le Pape Urbain V aux Jacobins de Toulouse, en 1368. C’est là que repose aujourd’hui encore le «docteur angélique», auteur, entre autres, de la célèbre Somme théologique, œuvre inachevée.
Isolde Cambournac, docteur en théologie, enseigne la théologie de saint Thomas d’Aquin, entre autres via une chaîne Youtube. Elle revient sur la principale nouveauté introduite par le saint dominicain.
On parle souvent de la rencontre entre la foi et la raison. Saint Thomas d’Aquin y a particulièrement contribué, notamment en faisant intervenir tout le travail intellectuel des auteurs de l’Antiquité, des auteurs grecs, et en particulier d’Aristote. Saint Thomas a revu toutes les grandes questions de la foi à la lumière de cette manière de penser, de cette philosophie développée pendant l’Antiquité. Il s’appuie déjà sur les Pères de l’Église, il parle souvent de saint Augustin. Cette manière de chercher l’intelligence de la foi n’est donc pas nouvelle, mais il a réussi à l’amener à un niveau qui n’avait pas été atteint jusque-là.
Comment saint Thomas parle-t-il de la sainteté?
Il parle peu de la sainteté avec ce terme. Il parle de la contemplation et de la béatitude. Nous voyons que ce vers quoi l’homme tend naturellement, et ce vers quoi Dieu va l’aider à tendre davantage, c’est à la recherche de la vérité d’abord, puis de Dieu, qui est la Vérité même. Saint Thomas, dans tous ses écrits, va parler de cette recherche qui habite fondamentalement l’homme et qui le rendra heureux, bienheureux. La sainteté, la recherche de Dieu porte à l’aimer ensuite, et à le faire aimer.
Comment situer saint Thomas d’Aquin par rapport aux deux autres grands saints dominicains, saint Dominique et sainte Catherine de Sienne? Quelle est d’une certaine manière sa partition dans ce concert de la sainteté?
Saint Dominique a fondé l’Ordre à un moment où l’hérésie cathare se répandait très vite. C’était une hérésie dualiste qui voyait le monde comme quelque chose de mauvais, et tout ce qui était spirituel comme quelque chose de bien. Saint Thomas va montrer que le monde est bon parce que créé par Dieu. Il a été blessé, et le péché a laissé une trace, notamment dans l’homme. Mais fondamentalement, il est bon. Et tout le travail de la grâce va être de guérir et puis d’élever, de perfectionner tout ça. Saint Thomas est tout à fait dans la lignée de saint Dominique en disant que non, le monde n’est pas mauvais. Il est blessé, mais il n’est pas mauvais fondamentalement, et il n’y a pas d’opposition entre la spiritualité et le monde.
Par rapport à sainte Catherine de Sienne, je pense que c’est la question du désir, qui est très présente chez sainte Catherine de Sienne, ce désir de Dieu, et chez saint Thomas, la prière, c’est l’interprète du désir. Il y a quelque chose qui est fondamentalement dans l’homme, c’est ce désir de Dieu que l’on retrouve très bien développé dans les écrits de sainte Catherine de Sienne.
Comment la pensée de saint Thomas peut-elle aider à affronter les défis actuels et à trouver un sens dans le monde tel qu’il se présente aujourd’hui?
Personnellement, ce qui m’a le plus touchée dans la pensée de saint Thomas d’Aquin, c’est sa vision résolument positive du monde, de ce qui est du réel en fait, qui a été créé par Dieu, et puis de l’homme en particulier. Pour saint Thomas d’Aquin, la nature humaine est bonne, et la grâce va venir perfectionner ce qui est fondamentalement présent déjà dans tout être humain. Je trouve ça très actuel. Déjà, ça nous apprend à revoir le réel qui nous entoure avec un nouveau regard dessus, apprendre à écouter ce que les choses ont à nous dire d’elles-mêmes au lieu d’imposer des idées aux choses. Il y a déjà un regard assez contemplatif et réceptif sur le réel qui nous entoure. Ensuite, un regard aussi très positif sur ce vers quoi nous allons, et qui donne du sens. Il y a une recherche aujourd’hui fondamentale de sens, et saint Thomas d’Aquin parle de manière remarquable je trouve des aspirations profondes de l’être humain, de la division intérieure qu’il peut vivre. Il va essayer d’expliquer d’où vient cette difficulté de cette division intérieure qu’on ressent tous. Avec cette tendance, cette tension vers quelque chose qui nous attire et qui nous pousse à nous dépasser, d’une certaine manière, pour atteindre ce pourquoi on est faits.
Saint Thomas nous aide à réfléchir. Comment nous aide-t-il aussi à prier?
Pour saint Thomas d’Aquin, la prière, c’est l’interprète de notre désir. Il le dit quand il parle du Notre Père. La prière répond à quelque chose justement, à cette aspiration profonde que nous avons de Dieu, et elle va nous faire désirer ce que Dieu désire pour nous et qui fondamentalement est notre bien. Ce qu’on va demander à Dieu, c’est d’être uni à lui.
Est-il selon vous suffisamment mis en valeur aujourd’hui, ou bien considéré comme dépassé, voire inaccessible?
À mon avis, on a un peu trop fait de saint Thomas un intellectuel inaccessible, et on a peut-être même complexifié sa pensée. Quand on lit des textes, on se rend compte que parfois ils sont plus simples qu’on pouvait l’imaginer. On aurait tout intérêt à redécouvrir la pensée de saint Thomas d’Aquin, à l’actualiser, c’est-à-dire à essayer de la dire avec nos propres mots aujourd’hui.
Que signifie aujourd’hui être thomiste, à l’école de saint Thomas?
Pour certains, être thomiste, comme tous les mots en -iste, ce serait un extrémisme. En fait, ce serait une vision fermée. On aurait l’impression que Thomas d’Aquin a donné des réponses à tout et que rien n’est désormais discutable. C’est une vision un peu limitée. En fait, ce qu’on peut retenir de l’héritage de saint Thomas, c’est beaucoup de bonnes idées évidemment, mais aussi une manière de penser qu’on peut aujourd’hui réutiliser, notamment dans la façon de dialoguer avec les découvertes actuelles, les pensées actuelles. Ça, c’est être fidèle à saint Thomas. Être capable de dialoguer avec le monde contemporain pour pouvoir chercher profondément la vérité, parce qu’il y a cette idée de base qu’en fait tous les hommes cherchent la vérité, que chacun a quelque chose à dire de vrai, et qu’on a à apprendre un peu de chacun.
Quel aspect de la pensée de saint Thomas d’Aquin, peut-être plus méconnu, vous touche le plus?
Ce qui me touche particulièrement à l’heure actuelle, c’est que je découvre des articles de neurosciences sortis récemment. La pensée de Thomas d’Aquin et les neurosciences parlent justement de cette division intérieure. Il y a une recherche d’intégration de toutes les composantes du cerveau, de manière à ce que les facultés cognitives puissent intégrer toutes les autres facultés, les émotions, tous les signaux corporels. Je trouve cela très intéressant parce que l’on retrouve cela dans l’anthropologie aquinienne, comment la raison essaye d’unifier notre être. Lui, ajoute que la grâce vient aider cette unification et l’élever.
Ce qui est formidable, c’est de se rendre compte que des choses qu’on découvre aujourd’hui, déjà à cette époque, saint Thomas en parlait, donc il avait cette capacité de connaître et de pouvoir décrire les choses qui se passaient. Aujourd’hui, on arrive mieux à dire ce que sont ces phénomènes, et à les décrire de manière scientifique. Saint Thomas d’Aquin les avait pressentis, et Aristote avant lui aussi. Il est remarquable de voir que ses intuitions étaient bonnes et qu’il apporte une réponse qui pourrait à son tour aider aujourd’hui, pourquoi pas, les psychologues.
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