Avant la présidentielle, les évêques d’Argentine exhortent à la paix sociale
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- Nelson Santillan
- 19 de octubre de 2023
- Argentina
Dans un message paru dix jours avant le scrutin présidentiel du 22 octobre, sans soutenir de candidats, les membres de la Commission justice et paix de l’épiscopat argentin regrettent «la désintégration du corps social et de l’idéal du bien commun». La société argentine est engluée dans la spirale de l’inflation (+115% sur un an) et de l’endettement, provoquant une série de pillages de commerces dans plusieurs provinces à la fin de l’été.
«La construction de la paix sociale dans un pays est une tâche qui ne se laisse pas abandonner et qui nécessite l’engagement de tous. En ces temps, dans notre pays, en Amérique latine et dans le monde, le dialogue et l’écoute doivent devenir des instruments permanents de justice et de paix, renforçant l’amitié sociale», estiment en priorité les évêques d’Argentine de la Commission justice et paix, citant l’encyclique du Pape argentin Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale.
Évoquant les rêves d’idéal démocratique «avec des valeurs populaires», qui garantirait «l’égalité, le développement économique et l’intégration républicaine de la nation», l’épiscopat regrette que les luttes économiques et politiques aient ouvert la porte à une crise de représentation dans les institutions ainsi qu’à un processus de désintégration et de fragmentation du corps social. La conférence épiscopale constate que la démocratie «a cessé de s’identifier à l’expression des intérêts de la majorité, du bien commun», pour devenir «un outil conditionné par les pouvoirs des minorités ou des entreprises».
Voter pour renforcer la démocratie
Les évêques de la commission justice et paix s’attristent aussi que l’existence même de la nation «comme milieu fertile pour le développement d’une vie en communauté, qui renforce les valeurs de paix, d’égalité, de travail, d’inclusion, de justice et d’équité territoriale» soit menacée. Ils exhortent les Argentins à se rendre aux urnes dimanche 22 octobre, pour contribuer «au renforcement d’une démocratie qui signifie la pleine citoyenneté, l’exercice des droits, qui garantit les conditions du bien-être de notre peuple, qui surmonte la fragmentation, avec une sensibilité sociale, qui garantit l’égalité des chances, avec l’indépendance économique».
«Il apparaît essentiel de générer des espaces de dialogue et de rencontre qui rendent possible un accord politique, social et économique sur la gouvernabilité, quel que soit le résultat électoral. Le vote exprime la volonté populaire et exige que les candidats qui réussissent aux élections soient prêts à résoudre les graves problèmes auxquels nous sommes confrontés, avec la coopération et l’aide de tous, selon le principe selon lequel personne ne peut se sauver seul», ont-ils ajouté.
L’Église, facilitatrice du dialogue politique et social
Et l’Église d’Argentine de rappeler quelques points essentiels aux candidats: «Redonner à la politique son caractère d’être l’une des formes les plus précieuses de la charité, car elle recherche le bien. L’action politique doit promouvoir la protection de la vie, la dignité humaine, un travail décent pour tous et l’élimination de la faim et de l’exclusion».
Les membres de la commission justice et paix réaffirment qu’il n’y a pas de vraie liberté sans fraternité, justice sociale et paix. «Peu après 40 ans de rétablissement de la démocratie et de l’État de droit, nous réaffirmons notre volonté, dans une attitude d’écoute, de promouvoir et de faciliter le dialogue entre les forces politiques et sociales dans le but de parvenir aux accords dont notre Argentine a besoin», assurent-ils enfin.
Durant toute sa campagne électorale, le ministre de l’Economie depuis 14 mois et candidat du parti au pouvoir, Sergio Massa, s’est défendu d’être responsable de la grande précarité de l’économie argentine, avec une inflation quasi hors-contrôle à 115% sur un an, et une devise nationale, le peso, en spectaculaire dépréciation.
Les forces en présence le 22 octobre
L’élection du 22 octobre vise à élire le président et le vice-président de l’Argentine pour un mandat de quatre ans. Le scrutin se tient en même temps que les élections législatives et sénatoriales. Confronté à une chute de leur popularité dans le contexte d’une grave crise économique, ni le président sortant Alberto Fernández, ni sa vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner ne se portent candidats à leur réélection. Le candidat libertarien d’extrême droite Javier Milei a remporté la primaire présidentielle le 14 août, devançant de peu le total des voix des candidats des deux partis traditionnels. Il affronte ainsi notamment Sergio Massa, issu de la coalition péroniste sortante, ainsi que Patricia Bullrich, à la tête de l’opposition libérale.
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