La Parole de Dieu chez le Père Fosbery

Par Juan Carlos Bilyk

Traduction: Jacques Payen

Ce que nous voulons montrer essentiellement, c’est comment la Parole était réellement présente chez le Père Fosbery. Que la Parole était manifeste et présente dans son esprit et dans son cœur. Pas seulement « de mémoire », comme on pourrait peut-être le supposer. Le Père Fosbery, bien qu’il ne soit plus dans le temps mais dans l’éternité, nous apporte aujourd’hui encore la Parole de Dieu. Dans sa prédication, dans ses écrits, dans nos mémoires, il est là, le portant et le prononçant de manière récurrente et habituelle, tout simplement parce que c’était dans son intériorité. Et aujourd’hui, il est devant Elle, la contemplant en vif et en direct.

Parce que la Parole de Dieu, est plus que « quelque chose », c´est « quelqu’un ».

Maintenant, si par « Parole de Dieu » nous entendons l’Écriture Sainte et la Tradition, nous devons souligner que nous ne trouverons pas de travail ou de développement systématique et organisé du thème de la part du prêtre. Mais si nous comprenons par Parole de Dieu ce sur quoi il insitait à maintes reprises (nous verrons quoi), nous remarquerons que le frère Aníbal faisait allusion à la Parole, de
manière fréquente voir incessante. Vous pouvez « feuilleter » tout ce qu’il a édité en recherchant ce qu’il en a dit, avec la certitude que vous trouverez toujours quelque chose. Il n’a certainement rien dit de nouveau. Ce n’était pas nouveau parce que cela ne pouvait pas l’être. Il a enseigné ce que l’Église enseigne. En tout cas, sa façon de dire les choses était « nouvelle ». C’était un prédicateur. Et très original. Cependant, il ne dit pas grand chose sur la Parole, mais il insiste toujours sur les mêmes points (que nous détaillerons plus tard).

Et si l’on se réfère à la Parole comme à la Révélation divine, et celle-ci comme à l’Écriture, le Fondateur n’était pas un exégète au sens technique du terme. En tout cas, c’était un théologien et un prédicateur qui faisait de l’exégèse. C’était un véritable dominicain. Et, comme nous le savons, de chaque enfant de Saint Dominque de Guzmán la Parole jaillit naturellement. Avec elle, la Parole (nous parlerons désormais au présent, car ce que nous allons dire, elle continue de le faire) elle nous éclaire et nous illustre, elle nous adresse des remontrances et des consolations, elle annonce, elle crie et toute façon de prêcher qui lui vient à l’esprit, si constante, habituelle, infatigable. Il prêche sur le fait d’être milicien et pour nous éclairer il nous donne soit un passage évangélique, soit il cite saint Paul (celui-ci avec une prédilection évidente, comme saint Dominique). Il parle de l’Église et cite le Livre de l’Apocalypse ou bien nous amène un prophète de l’Ancienne Alliance. Bref, il fonde tout enseignement du Magistère sur la Parole écrite (Bible), mais aussi sur la Parole orale (Tradition, avec une préférence pour saint Augustin). Et, pour les deux, il utilise certainement très fréquemment saint Thomas d’Aquin. Plus précisément, et en relation avec le Nouveau Testament, Thomas rappelle à ses lecteurs qu’il ordonne les hommes à la vie éternelle davantage par la grâce que par des préceptes (ce qui était typique de l’Ancien Testament). Il en va de même pour le prêtre. Ainsi, nous pouvons constater qu’en combinant les deux choses, la Parole telle qu’elle est (en elle-même, ce que nous n’avons pas encore dit), et la Parole telle qu’elle est enregistrée dans l’Écriture et contenue dans la Tradition, nous dit :

La permanence dans la Parole est ce qui me transforme en disciple du Seigneur. Je suis disciple du Seigneur, je suis chrétien, je me dis chrétien parce que je sers le Seigneur, parce que je suis inséré dans sa Parole, parce que je suis refuge dans le Seigneur. J’enlève de mon cœur toutes ces choses qui ne répondent pas à la Parole de Dieu, je me libère de l’esclavage, je suis petit à petit un homme libre. Rien n’asservit plus que le péché, et rien ne libère plus que la grâce (« Reflexions sur les textes de San Jean », volume I ; MDA, 2015, page 177).

En vérité, Fray Aníbal ne s’est pas approprié de la Parole, la Parole s’est appropriée de Fray Aníbal.

Et maintenant, en revenant à ce que nous avons dit au début, nous pouvons nous demander : quels sont les thèmes centraux concernant la Parole de Dieu pour le Père Fosbery ? Quelle est la Parole du Père Fosbery ? Ou plutôt : Qui est la Parole ? Ainsi, et sans rapporter ici l’ensemble des choses qu’il nous a enseignées à ce sujet, nous pouvons constater que, selon le Père Aníbal (et donc selon l’Église qui se présente devant notre prêtre) :

• La Parole révèle la Volonté de Dieu, c’est-à-dire son Plan de Salut.
• La Parole contient le mystère de Dieu.
• La Parole exige de notre part une adhésion, une permanence, une obéissance… et cela est donné par la Foi.
• La Parole jugera notre comportement.
• La Parole fonde toute notre science et notre connaissance, ainsi que notre espérance.
• La Parole se révèle progressivement dans l’histoire (d’abord en Israël, puis dans l’Église).
• La Parole est dans la Bible, mais ce n’est pas la Bible (même si nous la connaissons principalement par la lecture et la méditation).

Et la chose la plus importante, la chose centrale, la clé de cette affaire :

• La Parole est la Parole de Dieu, le Logos de Dieu.
• Et puisque le Christ est le Verbe incarné, il est lui-même la Parole de Dieu.

En conclusion, et comme nous l’avons dit au début, la Parole de Dieu, plus que « quelque chose » est « quelqu’un », C’EST LE CHRIST : « Et la Parole s’est faite chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14).

Pour terminer, apportons maintenant à notre article un sermon du F. Aníbal Fosbery qui nous parle de ce dernier sujet, afin que ceci ne ressemble pas à un résumé de sujets dans l’abstrait :

Jésus, peu avant la Dernière Cène, à la veille de sa mort, fait une dernière prière pour ceux qu’il a choisi et aimé. Le Christ remercie le Père pour ceux qu’il lui a donnés, ses Apôtres, qui ont écouté la Parole et l’ont accueillie (cf. . Jn 17, 1ff). Cette Parole de Dieu, qui est sa Parole éternelle et immuable de Salut, est une Parole qui a un nom : Christ. Une Parole qui a un nom lorsqu’elle atteint l’histoire même des hommes. C’est la Parole de Dieu qui a toujours existé aux côtés du Père, et que le Père nous a envoyé pour communiquer avec Lui, avec sa Parole, avec sa Parole éternelle. Dans toute cette mystérieuse communication de Dieu, de sa Parole et de son Verbe, tout le Plan de Dieu est, en quelque sorte, contenu. Le plan que Dieu a pour nous est de nous donner sa Parole. Et ce sera par cela que Dieu sanctifiera et renouvellera toutes choses (…) c’est la Parole mystérieuse avec laquelle Dieu veut accomplir son Plan parmi nous (“El miliciano apóstol”; Ciudad Miliciana y Formación; ; MDA, 2020 , pages 15-16).