La Cenco s’oppose au verdict de la peine de mort contre Joseph Kabila

Nelson Santillan

Au lendemain de la condamnation à mort prononcée par la Haute Cour militaire contre l’ancien président congolais Joseph Kabila, la Conférence épiscopale nationale du Congo se dit «choquée par ce verdict» qui est en totale «contradiction avec la protection de la vie et les valeurs de l’Évangile».

Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican

La nouvelle de la condamnation à mort de l’ancien chef de l’État congolais, Joseph Kabila Kabange par la Haute Cour militaire de son pays continue de défrayer la chronique dans l’environnement sociopolitique congolais. Le quatrième président congolais a notamment été reconnu coupable de crimes de guerre, de meurtre, d’agression sexuelle, de torture, de participation à un mouvement insurrectionnel, de complot et de soutien au terrorisme.

«Horrifiés par le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa»

La réaction de l’épiscopat congolais n’a pas tardé. Dans une déclaration rendue publique lundi 6 octobre, les archevêques et évêques membres de la CENCO ont rappelé que la Constitution de leur pays «consacre la sacralité de la vie humaine et la compte parmi les droits fondamentaux auxquels il ne peut être porté atteinte en aucun cas». L’exécution de la peine de mort, soutiennent-ils, est une violation du droit à la vie défendue par l’Église.

L’arrêt de la Haute Cour militaire est une pilule que l’épiscopat congolais n’est pas prêt à avaler car «la peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec l’Évangile». Déjà engagés sur le chemin pouvant ramener la paix, la cohésion nationale et garantir l’intégrité du Territoire national, ils se disent «horrifiés par le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa, à l’issue du procès pénal expéditif engagé contre le président honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort».

La CENCO rappelle sa position déjà exprimée en 2024 contre la levée du moratoire sur l’exécution de la peine de mort (en vigueur depuis 2003) décidée par le ministère congolais de la Justice le 13 mars 2024. Pour les évêques, «le moratoire devait naturellement déboucher sur l’abolition et non sur la reprise de cette mesure inhumaine qui, en plus de constituer un échec pour une communauté digne de ce nom, porte atteinte à la dignité de l’être humain créé à l’image de Dieu».

Le dialogue inclusif devient plus qu’urgent

“Considérant l’inquiétude suscitée par l’arrêt de la Haute Cour militaire et l’impérieuse nécessité de renforcer la cohésion nationale, nous réitérons notre appel aux acteurs, épris d’amour et de paix pour la RD Congo et impliqués dans la résolution de ses multiples crises, à chercher des solutions politiques”

Eu égard au contexte de guerre et d’insécurité qui caractérise la RD Congo, les évêques exhortent les décideurs politiques à privilégier le dialogue inclusif qui, soulignent-ils, «reste la voie la mieux indiquée tant pour affronter les causes profondes de ces crises que pour retrouver l’unité, la paix, le bien-vivre ensemble et l’intégrité territoriale de notre pays». Ce dialogue inclusif, insistent-ils, «devient plus qu’urgent au regard de l’enlisement de la crise et de ses conséquences sur la population congolaise».

“Nous saluons, à juste titre, les efforts déployés par les belligérants, les institutions et les partenaires internationaux pour endiguer la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays. Cependant, nous sommes persuadés que ces efforts seront infructueux tant que les acteurs politiques congolais ne s’engageront pas résolument et concrètement dans un dialogue inclusif, et ne respecteront pas, au préalable, les Accords déjà signés, ne fût-ce que pour accroître la confiance des uns et des autres”

Prendre des dispositions contre la culture de la mort et le risque de balkanisation

Les conflits qui sévissent dans l’est de la RD Congo «infligent des profondes souffrances aux populations innocentes». Il est donc impératif de prioriser «la promotion des solutions durables pour ramener la paix et la sécurité dans les zones sinistrées par le fait de guerre et des groupes armés étrangers et locaux», interpellent les évêques qui exhortent les gouvernants, l’opposition armée et non armée, les membres de la société civile et tout le peuple congolais, «à s’engager fermement, dans la lutte contre les différents facteurs qui alimentent les conflits et qui font le lit de la culture de la mort et du grand risque de balkanisation de notre pays».

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