Notre-Dame de Paris, un triduum de réouverture gravé dans l’espérance
Delphine Allaire – Envoyée spéciale à Paris
Après l’effroi du feu, l’espérance de la renaissance. À l’orée de l’Année Sainte 2025 consacrée à l’espérance, où les fidèles du monde entier convergeront vers Rome, la cathédrale mariale de Paris rayonnera elle aussi de cette vertu essentielle à la vie chrétienne accueillant pèlerins et visiteurs du monde entier -près de 15 millions, soit déjà la moitié du nombre attendu à Rome. Avant cela, la communion spirituelle nationale et universelle est entière en ces trois jours de réouverture, suivis d’une octave spéciale.
Volée de cloches en signe d’unité
Le diocèse de la capitale souhaite que ces jours du 7 et 8 décembre manifestent l’unité et la joie de retrouver Notre-Dame. En signe de communion, toutes les cloches de France sonneront à la volée ce samedi à 18h30. Il en sera de même outre-Atlantique aux Etats-Unis, où l’épiscopat catholique a décidé de ce geste d’allégresse commune. «Après cinq ans de chantier, nous souhaitons dire au monde entier ce que signifie cet édifice, au-delà de son rayonnement dans les arts, la peinture et la littérature», confie Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, insistant sur l’humilité et l’inconditionnalité de l’accueil: «Des chefs d’État aux démunis, des biens portants aux malades, tous ont leur place dans la cathédrale». Il s’agit, selon le recteur de la plus vaste église de Paris, de permettre à tous de «faire la rencontre de la beauté qui dit Dieu».
Des invités politiques, diplomatiques et religieux
Un impressionnant parterre d’invités étatiques, royaux et religieux pourra ainsi prier et admirer la pierre blondie, la lumière retrouvée et le dessin de nouvelles lignes architecturales dans l’enceinte de l’édifice médiéval. Le nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, représentera le Pape et lira son message. Une autre personnalité vaticane, très proche de François sera présente en la personne d’Emilce Cuda, théologienne laïque argentine et secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Le métropolite grec-orthodoxe Emmanuel et les patriarches orientaux maronite Béchara Rai et assyrien Mar Awa III, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, de même que le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, figureront parmi les hôtes du diocèse et de l’Élysée, aux côtés des présidents ukrainien, italien, allemand, polonais, congolais, géorgien ou encore du Premier ministre arménien, entre autres, ainsi que du président-élu américain, Donald Trump.
Office de réouverture
Tous assisteront ce samedi 7 décembre à l’office de réouverture. Une Marseillaise aura lieu sur le parvis, avant que l’archevêque ne procède au rite «simple et sobre» de l’ouverture des portes à 19h00. Mgr Laurent Ulrich, frappera de sa crosse la porte fermée de Notre-Dame de Paris. Il accueillera ensuite le président, escorté par le recteur. Un premier «temps républicain» s’ouvrira alors, l’État français étant propriétaire des lieux selon la loi de 1905 et le diocèse affectataire. Emmanuel Macron s’exprimera brièvement à l’intérieur de la cathédrale à 19h30.
La cathédrale retrouvera ensuite son archevêque, nommé le 26 avril 2022, trois ans après l’incendie. Mgr Laurent Ulrich s’exprimera dans une adresse, puis le message du Pape sera lu par le nonce apostolique et l’office pourra débuter. Il est composé de trois parties: le réveil de l’orgue, le plus grand de France. Par huit fois, l’archevêque s’adressera au grand orgue qui lui répondra. Le chant de l’office, composé d’un cantique, d’un psaume, du chant du Magnificat, d’intentions de prière pour le monde entier, de la prière du Notre Père. La bénédiction finale par l’archevêque et le chant du Te Deum concluront la liturgie.
Messe de consécration du nouvel autel
Dimanche 8 décembre, deuxième dimanche de l’Avent, aura lieu la messe inaugurale et la consécration de l’autel majeur à 10h30. Près de 170 évêques de France et du monde entier participeront à cette célébration, ainsi qu’un prêtre de chacune des 106 paroisses du diocèse de Paris, et un prêtre de chacune des sept églises catholiques de rite oriental, accompagnés de fidèles de chacune de ces communautés. Les chrétiens d’Orient disposeront d’ailleurs d’une chapelle dédiée dans la cathédrale, sertie d’une iconographie spéciale, inaugurée lors de la Journée internationale des chrétiens d’Orient, le 25 mai prochain.
Les rites de consécration de l’autel se dérouleront en cinq étapes. Les reliques de cinq saints sont déposées et scellées dans l’autel. Ces reliques, appartenant à trois femmes et deux hommes ayant marqué l’histoire de l’Église de Paris, sont celles de sainte Marie Eugénie Milleret, sainte Madeleine Sophie Barat, sainte Catherine Labouré, saint Charles de Foucauld, et le bienheureux Vladimir Ghika. La prière de dédicace est ensuite récitée, suivie de l’onction d’huile, moment central de la consécration. S’ensuit l’offrande d’encens, avant que l’autel ne soit paré et illuminé. Cette messe sera suivie par un buffet fraternel pour accueillir les plus démunis et ceux qui les accompagnent au quotidien au sein des organisations caritatives du diocèse de Paris. Dimanche soir, à 18h30, une deuxième messe aura lieu, ouverte aux fidèles sur inscription.
Six mois de célébrations jusqu’à la Pentecôte
La messe de consécration de l’autel marque le début d’une octave, qui permettra d’associer les fidèles parisiens dans leur grande diversité, ainsi que bon nombre de personnes ayant permis que Notre-Dame puisse nous accueillir de nouveau, lors de messes présidées par l’archevêque. Le chantier colossal de reconstruction et de restauration aura mobilisé 250 entreprises ainsi que 2 000 artisans des métiers d’art. Mécènes et donateurs auront une messe dédiée le 11 décembre, compagnons et pompiers le dimanche 15. La cathédrale ne pouvant accueillir plus de 40 000 personnes par jour et au regard de l’engouement universel, les célébrations de réouverture s’étendront jusqu’à la Pentecôte, le 8 juin 2025.